lundi 19 décembre 2016

avec Bill Culbert

L'été je pense ronronnait sous les poiriers de " chambre avec vue ", là bas au bout du Luberon.. j'étais venue cueillir quelque fraîcheur au verger.. l'eau gargouillait au creux de ce petit ruisseau façonné par un artiste.. l'herbe était donc verte et n'avait pas succombé aux allures de paille qui soudain avaient tapissé la campagne de ce bout de sud par ailleurs particulièrement assoiffé.. les fruits à maturité ricochaient de temps à autre sur une table de bois à la solide élégance campagnarde..une guirlande de chaises aux tons fanés, mais ô combien " tendance" , gambade autour de cette espace convivial, ô combien!! ce doit être dimanche!! disons que c'est dimanche..
Des artistes sont là en résidence, des amis toquent à la lourde porte de la bâtisse et font escale au jardin.. au fil des heures, un couvert est dressé, savoureux et tellement généreux.. une bouteille de vin se débarrasse de son bouchon.. L'ombre du flacon s'affale sur le bois.. et là, Bill Culbert, discrètement attablé, saisit un appareil photographique et j'observe sa façon, avec la délicatesse muette d'un chat, de s'approcher de cette oeuvre, duo magnifique entre une bouteille de vin et son ombre. J'écoute alors les dire de Bill.. l'ombre et la lumière.. l'éclat.. ce pas deux improvisé.. le vert profond du flacon,  l'ombre sombre de sa silhouette allongée sur le bois. Clic clac.. l'oeuvre est !
Je comprends alors.. l'ombre et la lumière, les deux inséparables qui jouent au jour et à la nuit, aux éclats de rires et aux secousses de larmes.. oui la lumière est ombre. L'ombre est lumière. Une réconciliation!

Nous parlons, longtemps, sans bruit.. Bill évoque alors son travail. Je découvre ses créations articulées souvent autour du néon.. des bidons de plastiques alignés réunis par cette barre lumineuse, des chaises transpercées par cet éclair jaune.. il est aussi des valises !!
Une valise de voyage, Samsonite, indifférente et parfaitement banale.. la valise de tout le monde ..la valise qui prend l'avion et s'enfuit sur les tapis roulants des salles d'embarquements.. destinations inconnues.. confusion de tous ces départs, de tous ces retours.. des étiquettes articulent des noms de villes codifiés.

J'aime les valises.. des boîtes aux serrures.. pour les secrets.. les mystères.. je les soustraie souvent aux installations des antiquaires ou des brocanteurs.. elles me parlent de voyages imaginaires.. de ceux peut être rêvés au fond d'une cabane de l'enfance ou de ceux, irréalisables - mais si c'est pas sûr, c'est quand même peut être elles qui me transporteraient en des ailleurs improbables.. et vains !!

La valise au néon reste allumée sur mon plancher de chêne.. ma lumière ! petit faisceau rassurant.. nous nous évadons ensemble, quelquefois.. sur un tapis volant!
Nous revenons toujours, là !

Bill Culbert - Valise et néon, 2009 -
© Collection IdL






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